top of page
Photo du rédacteurVirginie KOERFER-BOULAN

Analyse Juridique Cruciale : Arrêt de la Cour de Cassation du 6 Juillet 2023 sur l'Obligation de Délivrance dans les Baux Commerciaux




Cet arrêt a été salué par l’ensemble des commentateurs du fait même d’un rédactionnel

extrêmement bien documenté (rapport du Conseiller en charge, l’avis de cassation,

référence à la jurisprudence antérieure …).

 

Aux termes de cet arrêt, la Cour de Cassation a jugé qu’un preneur ne peut valablement

invoquer l’exception d’inexécution pour suspendre le paiement de son loyer, sauf lorsque le

défaut d’entretien ou de réparation dont il se prévaut rend impropre les locaux loués à

l’usage auquel ils étaient destinés.

 

La Cour de Cassation a pris ici soin de ne pas statuer à la place de la Cour d’Appel en lui

laissant la mission, dans une autre composition, de rechercher, comme il lui avait été

demandé, si le bailleur avait rompu son obligation essentielle de délivrance d’un local apte à

permettre au locataire l’exploitation convenue et pour ce faire, de dire si le manquement

imputé, en l’occurrence des infiltrations d’eau, avaient rendu les locaux loués impropres à

l’usage convenu au bail.

 

En l’espèce, la Cour de Cassation a censuré l’arrêt d’appel au visa des articles 1184 alinéa

1er dans sa rédaction antérieure à l’ordonnance du 10 février 2016 et 1719 du Code civil.

Selon l’article 1184, la condition résolutoire est toujours sous-entendue dans les contrats

synallagmatiques pour le cas où l’une des deux parties ne satisfera point à son engagement.

Par ailleurs, aux termes de l’article 1719 du Code civil, le bailleur est obligé par la nature du

contrat et sans qu’il soit besoin d’aucune stipulation particulière, de délivrer au preneur la

chose louée, d’entretenir cette chose en état de servir à l’usage pour lequel elle a été louée

et d’en faire jouir paisiblement le preneur pendant la durée du bail.

La Cour de Cassation en conclut qu’en se déterminant comme elle l’a fait, sans rechercher

comme il le lui était demandé si les infiltrations alléguées avaient rendu les locaux loués

impropres à l’usage auxquels ils étaient destinés, la Cour d’Appel a privé sa décision de

base légale.

 

Cet arrêt est particulièrement important en ce qu’il souligne qu’il ne suffit pas que le

manquement du bailleur porte sur une obligation essentielle, mais qu’il soit d’une certaine

gravité pour que le preneur puisse se prévaloir de l’exception d’inexécution : il faut

véritablement que l’exploitation du bail en devienne impossible.

 

bottom of page